Les plantes biotechnologiques peuvent elles répondre aux défis du XXIe siècle, en particulier liés au changement climatique ?

Agnès Ricroch,
Maître de Conférences en Génétique évolutive et amélioration des plantes, AgroParisTech
Adjunct Professor, Penn State University, USA
Collège d’Etudes Interdisciplinaires, Université Paris-Sud
Secrétaire adjoint de la Section Sciences de la Vie de l’Académie d’agriculture

Face aux défis du 21e siècle - la sécurité alimentaire, l’agriculture climato-intelligente, la médecine pour tous - une diversification des plantes mises au point par des biotechnologies est en cours. Les plantes biotechnologiques répondent à des stress biotiques pour réduire l’emploi de pesticides (résistances à des insectes, bactéries, virus), à des stress abiotiques pour augmenter la production (résistance au manque d’eau, à des températures extrêmes, aux inondations, à une salinité élevée), et à des critères de santé (caractères nutritionnels, production de molécules thérapeutiques). On peut citer quelques exemples d’espèces servant d’alimentation de base à la plupart des populations des pays développés et en développement (blé, maïs, manioc, pomme de terre, riz) mais aussi d’autres espèces.

Pour résister à des ravageurs des variétés de maïs, cotonnier ou colza sont résistantes à certains insectes. Des arbres fruitiers résistants sont déjà mis au point (papayer à Hawaï, prunier aux USA) ou en cours de développement (pommier, bananier, châtaigner). Pour les productions légumières, des variétés d’aubergine résistantes sont commercialisées au Bengladesh, des tomates résistantes à des ravageurs sont en cours de développement. Pour la tolérance à la sécheresse, des variétés de maïs sont cultivées aux Etats-Unis depuis 2013 ; d’autres programmes de R&D sont en cours comme le Water Efficient Maize for Africa. Des variétés de blé sont développées par une entreprise française familiale avec des entreprises d'Amérique du sud.

Pour l’enrichissement, des variétés de riz riches en pro-vitamine A (« riz doré ») sont proches de la commercialisation en Asie, celles en vitamine B9 sont en cours de développement. Des variétés de blé sans gluten sont développées. Pour lutter contre le gaspillage alimentaire, le ministère de l’agriculture américain a récemment autorisé des variétés de pommes et de pomme de terre qui ont une plus longue durée de conservation (avec un moindre contenu en acrylamide, un agent cancérigène). Les biotechnologies sont aussi appliquées pour mettre au point des plantes utilisables comme biomasse pour produire des biocarburants comme l’eucalyptus ou la canne à sucre. Les nouveaux outils de génie génétique sont aussi employés à côté de la transgénèse classique, comme les RNAi ou les endonucléases. La mise au point de ces plantes biotechnologiques implique non seulement les grandes entreprises mais aussi des entreprises familiales, des organisations de recherche publique, des fondations philanthropiques, et des partenariats publics-privés en particulier en Afrique et en Asie.

Références bibliographiques :

- Ricroch A. & M.C. Hénard (2015). Next Biotech Plants: New Traits, Crops, Developers, and Technologies for Addressing Global Challenges. Critical Reviews of Biotechnology (1–16). Abstract online.
- Ricroch A., Chopra S., Fleischer S. (Editors) (2014) Plant Biotechnology - Experience and Future Prospects. Publisher: Springer. 284 p
- Ricroch A., Dattée Y, Fellous M. (sous la direction) (2011). Biotechnologies végétales, environnement, alimentation, santé. Ed. Vuibert. pp 272.

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