ASSOCIATION DES ANCIENS ELEVES DE LINSTITUT PASTEUR Visioconférence du 26 janvier 2023 |
|
Résistance aux antibiotiques : de la santé humaine au changement climatique. Marie-Cécile Ploy, Université de Limoges La résistance aux antibiotiques est un enjeu majeur de santé publique avec une mortalité attribuable de plus de 1 millions de décès par an dans le monde. En France, l’évolution depuis 2011 montre une diminution de la consommation d’antibiotiques en santé humaine quel que soit l’âge de la population. En revanche, pendant la même période, en santé animale, il y a une diminution très importante de la consommation de l’exposition aux antibiotiques. La France reste en Europe un des 4 pays les plus consommateurs d’antibiotiques en Europe, alors que chez l’animal, la France, est en dessous de la moyenne européenne. Sur la même période, on observe une stabilisation de la résistance aux céphalosporines de 3ème génération chez Escherichia coli chez l’homme et une diminution très importante en santé animale. Les processus d’acquisition et de dissémination de la résistance sont complexes, de par la diversité des mécanismes de résistance, des modes d’acquisition, du nombre d’espèces au sein des différentes communautés bactériennes aussi bien dans le microbiote digestif de l’homme et de l’animal mais aussi dans l’environnement. La dissémination de la résistance aux antibiotiques est donc complexe et on ne peut pas lutter contre la résistance aux antibiotiques sans agir selon le concept une seule santé « One Health » liant le monde humain, le monde animal et le monde environnemental. Dans l’environnement, il existe plusieurs sources pouvant être génératrices de dissémination de gènes de résistance ou de bactéries résistantes dans l’environnement : l’industrie pharmaceutique, qui est la plupart du temps implantée dans des pays comme l’Inde ou la Chine pour lesquels il n’y a pas de réglementation en aval des industries et avec des concentrations de résidus d’antibiotiques dans l’environnement très importantes, les effluents d’hôpitaux , les effluents de ville, et les effluents d’élevage. Par ailleurs, dans le monde, une grande partie de la population n’a pas accès à des conditions sanitaires permettant de limiter la dissémination de la résistance. Enfin, le changement climatique a un impact aussi sur cette dissémination de la résistance. En effet, une augmentation des manifestations climatiques très importantes à type de pluies torrentielles va entrainer un lessivage des sols plus importants. De la même façon, la migration due à une augmentation de la sécheresse dans certains pays du monde va concentrer des populations proche des villes augmentant les rejets dans les eaux. Il existe différents leviers pour lutter contre l’antibiorésistance. Le premier est la surveillance et il est nécessaire d’établir une surveillance intégrée selon le concept une seule santé, de la résistance aux antibiotiques et de la consommation, pour avoir des indicateurs communs entre le monde humain, animal et environnemental. Le deuxième levier est un changement de pratique et il est important d’inclure les sciences humaines et sociales pour comprendre les usages des antibiotiques. Le troisième levier est la recherche de nouveaux antibiotiques, de tests de diagnostics rapides et le quatrième levier est l’éducation et la sensibilisation des professionnels mais aussi du grand public et enfin l’action politique coordonnée au niveau global. Dans ce contexte, la France a été très engagée depuis 20 ans dans la lutte contre la résistance aux antibiotiques avec différents plans pluri annuels dont les feuilles de route antibiorésistance récentes. Dans le monde animal aussi, les plans pluri annuels Ecoantibio portés par le ministère en charge de l’agriculture ont permis de réduire de 37% l’utilisation d’antibiotiques vétérinaires toutes filières confondues en 5 ans pendant le 1er plan 2012-2016. Au niveau de la recherche, la France est aussi engagée avec 40 millions d’euros sur 10 ans dans le développement du plan prioritaire de recherche antibiorésistance. Pour finir, il est important que les différents acteurs du concept une seule santé, travaillent en synergie. Pour cela, plusieurs outils existent au niveau national ou européen. Au niveau national, il existe le méta-réseau professionnel Promise qui regroupe 25 réseaux de professionnels et 40 équipes de recherche. L’objectif de ce réseau est de créer une communauté One Health autour de la problématique antibiorésistance. Ce réseau est financé par le plan d’investissement d’avenir et est porté par l’Inserm. L’objectif à terme de Promise est de renforcer les équipes de recherche françaises sur l’antibiorésistance, créer des réseaux émergents et permettre à la France de rayonner à l’international. Dans ce contexte, un diplôme universitaire One Health antibiorésistance 100% numérique est ouvert dès cette année. Au niveau international, il y a aussi une coordination depuis 2015 avec le plan d’action global sur l’antibiorésistance, puis les conclusions du conseil de l’Europe en 2016 et le lancement d’actions conjointes pour lutter contre l’antibiorésistance et les infections associées aux soins. Au niveau de la recherche, le JPIAMR en Europe est aussi un outil important avec un soutien financier pour la recherche avec une dimension One Health. L'enregistrement de la visioconférence est disponible en cliquant ici ou en copiant le lien ci-dessous : https://www.youtube.com/watch?v=P3T4VbWFuWI
|